chapitre 9 : Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire

chapitre 9 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes

Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire.

  Préambule

Rémi CASANOVA, Françoise-Marie NOGUES

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« Pour aborder la question, ce rite de réconciliation par l’exclusion a besoin d’approches comparatives, complémentaires, articulées : il a besoin d’intersections fructueuses. C’est la raison pour laquelle anthropologues et historiens dialoguent aujourd’hui[1], notamment sur la question du bouc émissaire. »

[1]L’article de J. Le Goff « L’historien et l’homme quotidien », consacré à ce que le regard ethnologique a fait découvrir à l’historien, et publié dans les Mélanges par Fernand Braudel en 1972, est repris dans le volume Pour un autre Moyen Âge, paru en 1977, dans la partie placée sous le titre programmatique : « Vers une anthropologie historique » (Berlioz et al., 1989, p. 270).

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« En trait d’union de ces deux disciplines, nous voudrions également évoquer Jean-Pierre Vernant, « cet agrégé de philosophie, helléniste, anthropologue, historien des religions » (Collectif, 2007) aujourd’hui décédé. Car le croisement fécond de ses options intellectuelles lui ont permis de mettre en lumière, à travers la tragédie grecque, le tragos du bouc émissaire[1]. »

[1]Tragédie est un mot qui vient du grec tragôdia, lui-même dérivé de tragôdos « qui chante pendant l’immolation du bouc aux fêtes de Bacchus » ; il est formé de deux éléments : tragos qui signifie « bouc » et -odos, issu de aeidô qui signifie « chanter ». D’après son étymologie, le mot tragédie signifie donc chant du bouc.

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« Il n’est donc pas question de comparer les approches, méthodologies mais de les inviter au dialogue. Si nous insistons sur les articulations fructueuses entre les disciplines autant que sur leurs frottements, c’est qu’elles aident à mieux cerner la notion et peut-être en faire un concept. Il semble nécessaire de garder deux postures complémentaires, « distinguer pour relier », selon la proposition d’Edgar Morin (1990) et de « comparer le comparable » comme le suggère Camille Tarot (2008, p. 33) »

Chantal Dhennin, Natalia Sacré, Benjamin Bourgeois, Rémi Casanova, Françoise-Marie Noguès

Ont contribué au Chapitre 9 du livre Bouc émissaire Chantal Dhennin, Natalia Sacré, Benjamin Bourgeois, Rémi Casanova, Françoise-Marie Noguès

Le cadre théorique de l’histoire comme support de la compréhension du bouc émissaire. Le cas des travailleurs chinois durant la Grande Guerre,

Chantal DHENNIN /

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Chantal DHENNIN, les Chinois boucs émissaires

Chantal DHENNIN, auteur d’une contribution historique sur le bouc émissaire

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Relativement à la Première Guerre mondiale, de nombreux mécanismes victimaires ont été étudiés ; il reste pourtant des branches entières du savoir sur la Grande Guerre à sonder à partir de sources nouvellement versées ou découvertes. Le problème spécifique de l’éviction des Chinois, qui cumule histoire, anthropologie et sociologie du bouc émissaire, fait partie de ces avancées possibles aujourd’hui. »

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« « Ecrire une histoire nouvelle », disait Sanjay Subrahmanyam, dans sa leçon inaugurale au collège de France (Subrahmanyam, 2013). Nous y sommes avec le problème de l’éviction des Chinois durant la Grande Guerre dans le Nord-Pas-de-Calais. »

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« La commune d’Armentières n’a pas été occupée durablement par les troupes allemandes. Pourtant, à cause des combats malgré tout très intenses de l’automne 1914, il apparaît que l’Armentiérois est dévasté lorsqu’arrive l’armistice du 11 novembre 1918.  »

chapitre 9 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, avec un préambule

Le chapitre 9 : « Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire » dans le livre « Bouc émissaire : le concept en contextes« , avec un préambule et trois contributions.

La systématisation des attaques et l’écriture de l’Histoire dans la construction du bouc émissaire. L’exemple de Gui de Lusignan, roi étranger, perdant et sans royaume,

Benjamin BOURGEOIS /

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« La pérennisation de la présence chrétienne à l’issue de la croisade de 1095-1099 se traduit par la création de divers États parmi lesquels le royaume latin de Jérusalem occupe la première place, tant par son importance que par sa valeur symbolique. »

Benjamin Bourgeois et bouc émissaire, livre dirigé par Rémi Casanova et Françoise-Marie Noguès

Benjamin Bourgeois, auteur d’une contribution historique sur le bouc émissaire

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« Cet épisode est difficile d’interprétation : Guillaume de Tyr est particulièrement contradictoire et reconnaît même ne rapporter que des rumeurs. Après la supposée mauvaise conduite des troupes, le roi convoque son beau-frère.  »

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« L’unanimité de la décision n’est plus soulignée, de même que l’identité des votants, si toutefois il y eut vote car la décision semble émaner du roi seul, quoique son état, si tant est qu’il ait été en amélioration temporaire, ne lui permette pas d’exercer directement le pouvoir royal. Le premier continuateur fait état de la cérémonie qui accompagne cette investiture du comte de Tripoli. »

chapitre 9 : Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire du livre Bouc émissaire : le concept en contextes,

Trois contributions et un préambule dans ce chapitre 9 : Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire du livre Bouc émissaire : le concept en contextes

Les médecins russes boucs émissaires,

Natalia SACRE

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« Une autre raison de cette dévalorisation de la figure du médecin dans l’opinion publique renvoie à la réputation déliquescente des médecins, due aux épidémies de choléra qui ont secoué la Russie tout au long du XIXe siècle. Face à ce fléau considéré comme un mal social, la réputation idéologique de la médecine prend le dessus sur la compétence professionnelle.  »

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Natalia Sacré, auteur d'une contribution historique sur les médecins russes boucs émissaires

Natalia Sacré, auteur d’une contribution historique sur les médecins russes boucs émissaires

« Cette image de l’infériorité des spécialistes russes perdure encore au XIXe siècle sous les règnes d’Alexandre Ier et Nicolas Ier. Quant à la population, dont la majorité est privée de soins, elle se dirige vers les guérisseurs à la campagne : les praticiens officiels, avec leur langue et leur culture venues d’ailleurs, n’inspirent aucune confiance. Ce sentiment de mépris persiste au XIXe siècle, on préfère recourir à la médecine populaire et aux plantes plutôt que s’adresser au médecin officiel. »

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« Le destin de James Wylie (1768-1854) est aussi révélateur. Cet Écossais, médecin de la Cour de trois empereurs (Paul Ier, Alexandre Ier et Nicolas Ier), a participé à deux complots qui ont changé le cours de l’histoire en faisant à chaque fois de fausses déclarations en tant que médecin. »

Le chapitre 9 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes

Le chapitre 9  » Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire » du livre « Bouc émissaire : le concept en contextes« , avec un préambule et trois contributions, « Le cadre théorique de l’histoire comme support de la compréhension du bouc émissaire. Le cas des travailleurs chinois durant la Grande Guerre« , par Chantal DHENNIN ; « La systématisation des attaques et l’écriture de l’Histoire dans la construction du bouc émissaire. L’exemple de Gui de Lusignan, roi étranger, perdant et sans royaume« , par Benjamin BOURGEOIS et « Les médecins russes boucs émissaires » par Natalia Sacré.